Comment bien accueillir les émotions de l’enfant et les accompagner

Votre enfant est en plein développement personnel et est une boule d’émotion, comment gérer au quotidien ses émotions ? Du bébé au petit enfant, voici notre guide.

Au commencement, l’observation

Les émotions arrivent avant la parole. En effet, la communication pré-verbale passe par le corps, les gestes et les émotions. L’enfant peut vite se sentir dépasser par ce qu’il ressent, car il ne sait pas comment les comprendre, ni les gérer. Vous, en tant qu’adulte et parent, avez pour rôle de chercher et comprendre ces manifestations émotionnelles et donner du temps et de l’espace à votre enfant pour qu’il les communique.

La compréhension

Pour comprendre les émotions comme une forme de communication, il faut se rendre compte que les émotions sont d’abord des réflexes de survie, de préservation. La peur, par exemple, est une alerte face à une menace, réelle ou imaginée. La colère, elle, est le résultat d’une frustration face à l’expression d’un besoin non prise en compte. Les émotions jouent donc un rôle très important en terme de communication puisqu’elles disent des choses de nos besoins.

Par exemple, chez le petit enfant, les pleurs ne représentent pas un forcément caprice, mais une revendication. Son émotion se manifeste comme une demande de reconnaissance pour protéger son intégrité.

Le bébé exprime ses émotions de façon brute parce qu’il ne sait pas quelle en est l’origine, il s’agit simplement du ressenti d’un état. Il est complètement habité par son émotion. Ce n’est que peu à peu qu’il va reconnaître ce qui se passe en lui, grâce aux réponses de l’adulte

Il s’agit donc de mettre des mots sur les émotions de l’enfant, de son ressenti, de verbaliser, afin de l’aider à comprendre ce qui lui arrive.

La réception de l’émotion

Ainsi, le bébé a besoin d’un récepteur, quelqu’un qui va donner un sens à ses émotions. L’adulte lui met à disposition son appareil psychique pour l’aider à les comprendre.

L’accompagnement est un travail de pensée pour relier les émotions à leurs causes, par exemple, quand on explique à un enfant pourquoi il a sursauté en voyant ou en touchant quelque chose.

Les émotions sont aussi une façon de maintenir la proximité avec un adulte sur lequel l’enfant sait qu’il peut compter : elles participent ainsi à construire les liens de l’attachement.

Le bébé ressent une tension que l’adulte aide à apaiser, en l’aidant à organiser son monde interne. Le tout-petit apprendra alors à communiquer de façon différenciée. D’un ressenti émotionnel, il passe à une expression.

L’écoute

Les émotions du jeune enfant nous disent donc toujours quelque chose de lui et c’est à l’adulte de les décoder, en restant attentif, disponible, réceptif. Le principe même de l’empathie. Il faut montrer à l’enfant que l’on écoute ce qu’il a à nous dire.

On peut de la sorte expliquer le comportement de dissipation par un sentiment d’insécurité. La violence d’un enfant qui tape par un mécanisme de défense, protection, quand l’enfant se sent attaqué. Cela révèle souvent un sentiment d’impuissance : il ne se sent pas reconnu dans ce qui le définit. Et l’impuissance est le contraire de la compétence qui correspond à la prise en compte d’une situation et l’ajustement de son attitude par rapport à elle.

L’adulte, parce qu’il a des compétences, peut prendre en compte cette réaction et modifier sa manière de faire, ainsi l’enfant se sentira écouté. La prise en compte des émotions par l’adulte participe donc à la construction de l’estime de soi chez l’enfant.

La réaction adaptée

Les émotions de l’enfant ne sont pas à banaliser. Par exemple, si l’enfant tombe, on évite de dire « ce n’est pas grave, ne pleure pas ». Au contraire, il faut le laisser s’exprimer. Il peut seulement recommencer à penser calmement quand son émotion est partagée. Il est important de différencier émotions et comportements. Toutes les émotions doivent être acceptées.

Si on les réprime, l’enfant se révolte et peut devenir inquiet, agité. Il n’a plus confiance en l’adulte et se retrouve seul avec des émotions dont il ne sait que faire. Ce sont les comportements que l’on peut refuser.

L’adulte peut d’abord reconnaître l’émotion de l’enfant : avant de lui dire pourquoi il ne peut pas prendre le jouet d’un autre, il peut lui dire « tu as envie de ce jouet ». Au lieu de lui dire seulement qu’il sera servi à son tour comme les autres, il peut lui dire « je vois que tu es impatient de manger ». Il se sentira ainsi écouté et pas directement empêché dans son action.

L’adulte peut aussi aider l’enfant à trouver d’autres solutions. Il ne peut pas prendre le jouet d’un camarade, mais il peut essayer de trouver un autre jouet semblable ou qui lui plaît. L’adulte a un rôle de médiateur, il fait un travail de différenciation entre l’enfant et les autres.

Le comportement d’allié

Cet engagement émotionnel de l’adulte n’est pas simple car les émotions des tout-petits sont intenses voire envahissantes. Elles viennent aussi parfois rencontrer nos propres émotions ou expériences.

On peut être agacé parce qu’on reconnaît chez l’un des enfants un petit qui nous a embêté dans l’enfance, ou bien parce qu’on se sent coupable, pas à la hauteur. C’est souvent ce qui nous pousse à distraire l’enfant de ses émotions, à les ignorer : on cherche à s’en protéger. Mais l’enfant a besoin de l’adulte sinon il se sent abandonné. Ce n’est pas pour punir un enfant qu’on lui demande se s’asseoir au calme dans un coin, mais bien pour qu’il s’apaise. L’adulte n’est pas un juge de l’enfant, mais un allié résolument de son côté.

Peu à peu l’enfant trouve d’autres moyens pour s’exprimer, il se sert de plus en plus des modes symboliques : il utilise le jeu puis la parole, son comportement change. Le rôle de l’adulte ici est de lui laisser de la place et du temps, de l’engager à parler plutôt qu’à agir.

En conclusion, il s’agit de rester calme, à l’écoute, mais ferme si besoin, verbaliser auprès de l’enfant et l’accompagner au mieux dans la gestion de ses émotions.